Décider de ne pas agir : quand l’« inaction » devient un véritable acte sophrologique
« Entre le stimulus et la réponse, il existe un espace. Dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. » — Viktor E. Frankl
6/26/20254 min read


Nous vivons dans une culture où faire est souvent valorisé comme la seule voie vers la réussite. Pourtant, la sophrologie, une discipline qui allie développement personnel et gestion des émotions, nous rappelle qu’opter consciemment pour la non-action peut être un acte à part entière : un choix délibéré qui préserve notre équilibre intérieur, affine notre discernement et libère notre capacité d’agir plus tard de façon juste. Explorons ce paradoxe à travers trois axes : le travail sur les pulsions, la prise de recul et l’art de ne pas percevoir comme personnel ce qui est impersonnel.
Le travail sur les pulsions : accueillir sans se laisser emporter
Les pulsions – réactions émotionnelles ou corporelles brutes – cherchent naturellement une décharge immédiate. Vouloir les museler par la force entraîne souvent frustration ou explosion. La sophrologie propose une troisième voie : accueillir la pulsion, l’observer, puis choisir ,parfois, de ne rien faire.
Exercice “Pause pulsionnelle en 3 temps” (5 minutes)
Arrêt : stoppez l’action en cours, ancrez vos deux pieds au sol.
Respiration consciente : inspirez profondément (4 temps), retenez (2 temps) et expirez longuement (6 temps).
Observation neutre : nommez mentalement la pulsion (« colère », « envie », etc.). Ressentez-la dans le corps sans juger ni passer à l’acte.
En la laissant circuler ainsi, vous transformez déjà l’énergie pulsionnelle ; le choix de ne pas agir sur-le-champ devient une réponse régulatrice, et non une fuite.
La prise de recul : créer l’espace décisionnel
Le fondateur de la sophrologie, Alfonso Caycedo, parlait d’« état sophroliminal » : une zone de conscience entre veille et sommeil, idéale pour élargir notre perspective. Dans la vie courante, la prise de recul fonctionne comme un “zoom arrière” permettant d’observer la situation au lieu d’y être englué.
Technique flash : “Visualisation du spectateur”
Fermez les yeux, imaginez-vous assis dans une salle de cinéma. Sur l’écran se joue la scène actuelle qui vous préoccupe.
Constatez les images, les sons, vos émotions, sans intervenir. Voyez comme elles évoluent d’elles-mêmes.
Revenez doucement, emportant cette distance intérieure.
Dans cet espace, décider de ne pas agir tout de suite équivaut à observer de manière aréactive votre scène intérieure. Vous choisissez d’attendre que l’émotion se décante avant de poser un acte plus ajusté, vous sortez du mode "pilotage automatique".
Ne pas prendre personnellement ce qui est impersonnel
Un autre concept fondamental en sophrologie est l'idée de ne pas prendre personnellement ce qui est impersonnel. Souvent, nous nous laissons emporter par des situations où l'implicature ne vise pas notre personne. En développant cette distance, nous apprenons à ne pas réagir de façon épidermique. Dans ces cas, choisir de ne pas agir peut être la meilleure solution, car cela nous permet de garder notre calme et notre clarté d'esprit. La sophrologie nous enseigne à considérer chaque situation pour ce qu'elle est, sans projeter nos propres émotions ou expériences.
Concrètement:
je reçoit un messages extérieurs (un mail sec, une remarque maladroite) auxquels je colle une étiquette personnelle:« Il m’attaque », « c’est contre moi ». La sophrologie invite à distinguer :
-Ce qui m’appartient: Mes pensées, valeurs, ressentis
-Ce qui est impersonnel: Paroles, humeurs d’autrui
Protocole “Laisser glisser”
Inspirez en serrant légèrement les épaules vers le haut.
Expirez en relâchant brusquement les épaules : visualisez les critiques, jugements ou tensions glisser sur un imperméable imaginaire.
Accueillez la légèreté qui suit: vous avez choisi de ne pas en faire une affaire personnelle, donc de ne pas réagir.
Ce refus d’embarquer dans le bateau émotionnel d’autrui constitue une action protectrice, préservant votre énergie vitale.
Quand la non-action devient stratégie d’action
Clarifier l’intention : je ne “fuis” pas ; je choisis un temps d’intégration.
Économiser l’énergie : ne pas dépenser de ressources dans une réaction impulsive.
Garder la main : en différant l’acte, je reste maître du moment et de la forme de mon intervention future.
Ne rien faire maintenant pour mieux faire ensuite.
Conclusion : le courage de la pause consciente
Décider de ne pas agir n’est ni passivité ni renoncement, ce n'est pas une abdication, mais un choix conscient qui repose sur la maîtrise de nos pulsions et la distanciation émotionnelle. C’est le courage de la pause consciente. La sophrologie nous offre des outils précieux pour apprendre à naviguer dans ce processus. Chaque séance devient un atelier intérieur : on y régule les pulsions, on y gagne de la hauteur, on y apprend à laisser couler ce qui ne nous concerne pas vraiment. Loin d’être une absence d’action, c’est un choix stratégique, pleinement assumé.En cultivant cette capacité à ne pas réagir immédiatement, nous renforçons notre bien-être mental et émotionnel, nous permettant ainsi d'être plus résilients face aux défis de la vie. Prendre le temps de réfléchir plutôt que de céder à l'impulsion est une compétence précieuse que chacun peut développer par l'engagement envers la pratique sophrologique.
Prochain pas
Testez l’un des exercices proposés dès aujourd’hui.
Notez dans un carnet les situations où la non-action volontaire a été bénéfique.
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En apprivoisant l’inaction consciente, vous découvrirez peut-être que la vraie puissance n’est pas toujours dans le mouvement… mais dans l’espace que l’on crée avant de bouger.